CHAPITRE IV
Liberté 2005
Jeudi, le 16 juin 2005
Lever: 9.00 heures. Très bonne nuit de sommeil pour tous les deux malgré la grosse journée d’hier. Temps gris et il fait pas froid mais fret. Nous envisageons une journée sans pression. Cependant, nous avons réussi quand même à faire une grosse épicerie dans le petit village de Baddeck et le coût a été très raisonnable, à notre grande surprise. Pour s’y rendre nous longeons sur une bonne distance le très beau et très grand lac Bras d’Or. On peut comparer le paysage aux Laurentides du Québec. Le village est propre avec de très belles boutiques. Ici aussi les gens sont courtois et attentionnés. En après-midi, un petit dodo et très longue marche en soirée sur un chemin isolé près du camping. Sur le chemin du retour, François nous appelle. Toute la petite famille va bien et je suis contente des bonnes nouvelles. Journée sans vraiment de grandes histoires mais quand même très vite passée, il est déjà 10.30 heures au moment ou j’écris ces lignes. Le temps file vraiment agréablement. Good night everybody.
Vendredi, le 17 juin 2005
11 degrés Celsius ce matin, ce n’est pas chaud pour la pompe à l’eau. Le soleil brille royalement par son absence. En ce matin plutôt frisquet, j’apprécie grandement la belle veste en polar bleu que Maurice m’a offerte hier. Nous nous sentons choyés par la beauté et le confort de notre petit chez nous. Rien de très luxueux mais nous y avons tout l’essentiel et même un peu plus. L’espace n’est pas une contrainte. Nous y sommes très à l’aise même les journées où la température nous oblige à rester à l’intérieur. Je l’appelle ma maison miniature où il fait bon vivre. Ni la maison, ni l’appartement ne nous manque. Nous sommes très heureux et très contents de notre décision. Aujourd’hui a été une journée semblable à hier. Nous avons pris quand même le temps d’explorer le charmant village de Baddeck et ces belles boutiques. En début de soirée nous sommes allés prendre notre marche de santé. Momo est toujours à l’affût pour repérer un animal quelconque et le vieux «toryeux», c’est toujours lui qui les aperçoit le premier. Ça me met en beau…car moi aussi je suis aux aguets autant que lui. Je lui demande comment ça se fait. Il me répond que c’est parce qu’il a l’instinct du chasseur. Moi, je lui fais cette réplique : ben moi je surveille et en même temps découvre plein de formes dans les arbres, les roches, les coupes de bois, le ciel etc, pis toi tu vois rien de ça. Donc, toi tu es réaliste et moi surréaliste. Grosse différence. Quand même Maurice a aperçu un lièvre ainsi qu’une perdrix perchée sur une bûche entourée de ses trois petits. C’était excitant car Momo avait la caméra et il voulait bien arriver à les immortaliser sans les faire fuir. Mission accomplie.
Samedi, le 18 juin 2005
Au réveil, la température est aussi maussade que les deux jours précédents. Nous décidons tout de même d’aller explorer la route Cabot Trail. Première petite halte: North East Margaree. Nous y avons visité un petit musée dédié à la pêche au saumon et à la rivière Margaree. Un pan de mur complet de cannes à moucher de longueur variée nous a beaucoup impressionnés. Également les mouches superbement colorées et variées dans de magnifiques présentoirs nous ont captivés aussi bien qu’une belle peinture. Nous avons poursuivi notre route en longeant la belle rivière Magaree jusqu’à son embouchure : le golf St-Laurent. Sur le chemin de Cheticamp, nous avons visité de magnifiques boutiques d’artisanat local. Le paysage est magnifique. Cependant, Cheticamp lui-même nous a déçu et nous passons sans nous arrêter. Pour l’heure du lunch nous avons fait une pause café à la boulangerie Aucoin de Petit Étang. Nous nous sommes délectés d’un bon croissant au fromage, d’un carré aux dattes et d’un bon café. De retour à l’auto, hésitation à savoir si nous retournons sur nos pas ou contournons le Parc National des Hautes Terres du Cap Breton., ce qui nous rallonge d’au moins 1 heure. La décision n’a pas été longue. On s’est dit que personne ne nous attend et que nous avons tout le temps devant nous. Quelle merveilleuse décision nous avons pris car les paysages sont sublimes. On en a vu de toutes les couleurs, paysages : ensoleillé, brumeux, nuageux, pluvieux, parfois mêlés ce qui donnait des images fascinantes. La route est très sinueuse mais toutefois sécuritaire avec de nombreux endroits où l’on peut s’arrêter pour admirer la belle nature. Sur le chemin du retour à la maison, Maurice veut prendre un chemin dont le panneau indique la 105 Baddeck mais je le fais changer d’idée en lui disant que le GPS indique un autre chemin plus court. C’est moi le navigateur et j’ai suivi des cours ces derniers jours. J’étais fière de moi. Il obéit. Cependant, avec ce raccourci, ce qu’on ne savait pas, c’est qu’il fallait prendre un traversier payant sinon revenir sur nos pas et faire un grand détour. Ah! Ah! Ah! Ce n’était pas inscrit sur le GPS. Je voulais sauver du temps à Momo mais j’y ai pas sauvé d’argent. On l’a trouvé ben bonne.
Vers la fin du trajet je demande à Maurice s’il est très fatigué et je lui offre de conduire un bout. De son air le plus sérieux, il me regarde et dit : non, sait-on jamais où ton imaginaire pourrait nous conduire. J’ai fait; hein! hein! hein! Il a conduit jusqu’ à la maison et y va conduire encore…
Dimanche, le 19 juin 2005
Ce matin, la température est aussi moche mais nous avons décidé que c’était aujourd’hui que nous faisions notre visite à la Forteresse de Louisbourg. La veille, le trajet a été préparé à l’aide du GPS afin de se rendre sans faille. Je guide mon pilote religieusement à l’aide du GPS et sans faute, je suis fier de moi. Tout se déroule bien jusqu’au moment où le trajet du GPS nous fait prendre une petite route locale et en gravelle. Celle-ci semblait mener nulle part, on était rendu dans le fin fond d’un bois. Là j’ai dit à Momo, c’est pas de ma faute, c’est ton GPS qui nous fait passer pas là. Regarde tout est correct, la petite auto est au bon endroit. J’étais bien déçue de constater que je ne pouvais pas me fier à 100% au GPS, moi qui ai tant travaillé pour le comprendre. Alors, le navigateur a du se mettre en mode manuel pour nous ramener sur la route principale. Mais, par la suite, le GPS et la vigilance du navigateur nous ont conduis sans faille jusqu’au stationnement.
La forteresse de Louisbourg est la plus grande reconstitution historique en Amérique du nord. L’ampleur du site est saisissante. Nous y avons passé tout l’après-midi et avons même manqué de temps pour tout visiter, tellement c’est grand et intéressant. On ne trouve pas les mots pour vous expliquer. Il y a vraiment trop de choses à décrire. Cependant, nous avons pris un grand nombre de photos qui vous permettrons d’apprécier à sa juste valeur ce que nous ne pouvons vous décrire. Journée d’émerveillement et bien remplie.
Lundi, le 20 juin 2005
Au réveil, le ciel est aussi gris que les jours précédents. Toutefois, en fin d’avant-midi un beau soleil rayonnant et un ciel bleu sans nuage sont venus égayer notre journée. Madame en profite pour prendre un bain de soleil. C’est bon et ça fait oublier le temps froid des derniers jours. Après le lunch, chez nous on appelle ça le dîner, nous décidons de faire une petite visite au village pour poster des cartes postales et prendre nos e-mails. Ce petit village est doté d’une belle bibliothèque et elle dispose de 5 ordinateurs avec accès internet ainsi qu’une connexion sans fils. Comme tous les accès publics que nous avons utilisés, c’est gratuit pour les visiteurs. La bibliothèque est à peine à 5 minutes de marche du parc historique Alexander Graham Bell. Par curiosité nous nous rendons pour nous informer du coût et de la durée de la visite. Il est déjà 4 hrs. On s’introduit à la préposée du guichet avec un «Do you speak french?». Sans hésiter elle nous accueille et nous informe en français, avec un bel accent acadien. Comme le musée ferme à 6 hrs et que nos billets sont valides pour demain, nous décidons d’effectuer la visite du musée. Cette improvisation à notre horaire nous a permis de ce coucher moins niaiseux. En tout cas, la visite de celui-ci nous apprend que Bell ne l’était pas du tout, lui. Le musée est consacré au génie de Bell et à ses multiples recherches scientifiques. Vous le savez sans doute, on lui attribue l’invention du téléphone. Mais le musée nous présente un nombre surprenant de sujets auxquels s’est intéressé le chercheur. Bell a fait construire une résidence d’été, un domaine en fait, sur les rives du lac Bras D’or près de Baddeck. Ses descendants l’occupent toujours. Bell et sa femme y sont enterrés. Cette journée s’annonçait tranquille mais, finalement, cet imprévu nous a comblés. Maurice ajoute son petit grain de sel : Nous avons la tête grosse de connaissances ce soir mais, jamais comme celle de Bell. Y parle pas beaucoup mon Momo mais y m’en sort des pas pire.
Mardi, le 21 juin 2005
Belle journée ensoleillée et chaude sans activité organisée. Toutefois, on doit se préparer pour le départ vers New Glasgow. On relaxe et on profite du soleil. Une belle journée sans histoire.
Mercredi, le 22 juin 2005
10 :30 hrs : départ pour New Glasgow. À mi-chemin une pluie fine se joint à nous pour le reste de la journée. Le voyage se passe bien. Arrivée vers 2 hrs chez Stone’s RV qui doit remplacer le bras de l’auvent amoché. Gens de parole, la pièce est arrivée et ils procèdent à la réparation tout de suite. Pendant ce temps, j’en profite pour pratiquer mon anglais avec Bill et son patron. Malgré la différence des langues je réussis à faire de l’humour et à les taquiner. Entre autre, j’essaie de négocier un «discount» mais sans succès. Le patron me répond toujours en anglais, que c’est sa bonne humeur qui est le «discount»…Nous sommes très satisfaits de leur courtoisie et du bon service. De plus, ils ont un grand inventaire de pièces et d’accessoires pour RV. C’est mieux que ce que l’on a vu à Québec. Déjà 3 hrs, on se dirige vers le camping. Sur le chemin d’accès de ce dernier, Momo a bien reconnu le fameux garde-fou et il s’est bien abstenu d’aller l’embrasser une autre fois. Au camping on nous attribue un site d’où nous avons une vue panoramique sur le détroit de Northumberland. Surprenant, le câble est offert gratuitement. Comme la température est maussade nous en profitons pour se payer notre première soirée TV depuis le 22 mai. Cependant, on se rend compte que ce n’est pas une activité qui nous a manquée.
Jeudi, le 23 juin 2005
Le soleil brille à notre réveil. On apprécie mieux que la veille la magnifique vue qui s’offre à nous. On retourne à New Glasgow pour mettre à jour nos transactions bancaires en utilisant l’accès Internet de la bibliothèque et prendre nos messages. Aussi, Momo a pris un rendez-vous pour un changement d’huile chez O’Farrell Chevrolet. Même si c’est un simple entretien nous avons droit à un service courtois et empressé. La personne, qui parlait le français et qui s’était occupée si gentiment de nous la semaine dernière, est venue à notre rencontre. Il s’appelle Casey Spence et est gérant des ventes. En premier lieu il s’est empressé de nous offrir un véhicule. Mais comme le changement d’huile se faisait immédiatement nous étions capable d’attendre. Quand même on a profité de sa gentillesse et de son français afin qu’il nous explique le chemin pour se rendre chez un marchand de matériaux. Il s’empresse de consulter quelques confrères et revient nous expliquer le trajet. Il nous remet sa carte d’affaire en disant «si eux pas comprendre, appelez-moi, moi expliquer vos besoins». Malgré son français déficient ( en fait nous étions plus à l’aise en anglais que lui en français) il a toujours fait un effort de parler français en notre présence. Je n’en revenais pas de le voir faire tous ces efforts pour nous rendre service. Sa carte d’affaire, pour qu’on l’appelle si on était mal pris, ça dépasse l’entendement pour moi. Jamais, j’aurais pu imaginer une chose pareille. L’accueil des gens c’est ce que l’on se souviendra le plus de notre passage à New Glasgow.
Vendredi, le 24 juin 2005
Beau soleil et journée chaude. À l’horaire : repos, bain de soleil, chaise longue et pas de St-Jean Baptiste. On n’avait même pas un drapeau. Mais malgré tout Momo a fait un peu de bricolage. Même si nous avons diminué de façon significative la dimension de notre demeure, la madame a toujours de bonnes idées de rénovation. Maurice a dit : on peut changer de demeure mais pas la madame. Petite anecdote : le propriétaire du camping s’appelle Denis Martin mais sa femme Brenda. «Désolée Carole». En plus d’avoir le même nom que notre cher« cap madelinois», il a les mêmes traits de visage, de grosses lunettes, le teint rougeâtre, la même coupe de cheveux, la même couleur et la chevelure aussi dense. Comme notre beau Denis, il est sociable et courtois. Par contre il est grand, calme, parle lentement et pas de bedaine, désolé mon Denis, c’est là la différence. Enfin, il est aussi fin que toi, mon Denis. En soirée longue marche sur la plage. La marée est basse et le sable s’avance très loin dans la mer. Je me suis décidée enfin, à marcher pieds nus sur la grève et même dans l’eau, malgré ma répugnance des déchets laissés par la mer. J’étais fière de moi. Le sable est dur et ondulé de sillons parfaitement parallèles. On dirait un champ fraîchement labouré. J’en ai profité pour laisser aller mon imaginaire. J’ai vu des formes sur le sable bien avant Momo. Même s’il était ceptique je lui ai fait prendre des photos pour immortaliser l’image de mon imaginaire. Lorsque nous avons regardé la photo on voyait bel et bien un oiseau, comme je l’avais dit. J’ai dit : Bravo pour moi. Au retour nous constatons qu’il est seulement 7.15 heures et que c’est la première journée depuis notre départ que nous avons soupé à une heure normale, vers 5.00 hrs. C’est merveilleux de vivre sans horaire ni routine.